Mon intime conviction - Tariq Ramadan
Mes citations préférées
§
Nous voici revenus de la dangereuse « politique émotionnelle ».
L’autre nom de cette politique qui joue de l’émotion est « le populisme »,
et aucune société contemporaine n’en est définitivement protégée. Les anciens
racismes peuvent encore habiter notre avenir.
§
Il faut pour cela dire « nous », ensemble,
contre la pauvreté, la marginalisation sociale, le chômage et l’insécurité. S’engager
ensemble pour la dignité des êtres humains, des exclus, des sans-papiers, des
immigrés et pour celle de ces femmes et enfants devenus les marchandises d’un
nouveau type de traite d’esclaves, de la prostitution à l’exploitation
inhumaine. «Nous», ensemble pour refonder un projet de société plurielle et
plus juste,
une société qui dépasse les perceptions et qui offre connaissance et respect en renouant avec l’essence de l’acte politique (confrontant des visions, des philosophies de la gouvernance, des idées et des stratégies d’actions).
une société qui dépasse les perceptions et qui offre connaissance et respect en renouant avec l’essence de l’acte politique (confrontant des visions, des philosophies de la gouvernance, des idées et des stratégies d’actions).
§
Les pensées évoluent et il faudra du temps, beaucoup de
temps, pour dépasser les crispations actuelles. Cella dépendra de l’engagement
de femmes et d’hommes déterminés à changer les choses, à valoriser les
différences et à célébrer les nouvelles visibilités culturelles et religieuses.
Sans rejet mais également sans naïveté. Le débat doit rester ouvert et
critique. Il s’agit d’aller au-delà des perceptions, mais également des
déclarations de bonnes intentions.
§
Il s’agit de rester fidèle à soi-même et d’accepter de
confronter ses perceptions avec les analyses simplistes ou les manipulations
idéologiques, de déterminer ses objectifs, de connaître ses amis et de connaître
les horizons de l’adversité. La route est longue mais il n’est pas d’autre choix
que celui d’accompagner l’histoire, de dépasser le transitoire et de réformer
ce qui peut l’être : nos intelligence, no arrogances, nos peurs, nos
doutes, nos aveuglements. J’essaie, autant que faire se peut, de cheminer dans
le bon sens, et mon intime conviction est que ce sera long, difficile, mais que
l’avenir reste ouvert.
§
A « nous » de nous engager, avec l’humilité
de ceux qui essaient et l’ambition de ceux qui servent. Il faut désormais faire
entendre la voix de ceux qui construisent des ponts et permettent des
rencontres, et non plus seul vacarme de ceux qui détruisent et cloisonnent à
développer un vrai pluralisme, une philosophie assumée du pluralisme.
§
… je me situe dans le courant réformiste et il s’agit
pour moi, à partir des sources scripturaires, de rester fidèle aux principes de
l’islam tout en tenant compte de l’évolution des contextes historique et
géographique… Je ne perdrai pas ici mon temps à essayer de me défendre :
je n’en ai ni l’envie ni le temps… Je sais que je gêne et je sais qui je
gêne.
§
L’islam occidental, comme l’islam africain, arabe ou
asiatique est une réalité. L’islam est bien sûr un et unique sur le plan des principes
religieux fondateurs, mais il intègre diversité d’interprétations et pluralité
des cultures. Son universalité provient d’ailleurs de cette capacité à intégrer
la diversité dans son unicité fondatrice.
§
… à l’âge de dix-huit ans-, j’avais parcourus le
tiers-monde, de l’Amérique du sud à l’Inde, en passant pas très nombreux pays
du continent africain… Enseignant puis très jeune doyen dans un lycée genevois,
j’avais lancé des opérations de sensibilisation à la solidarité dans les écoles,
les collèges et les lycées… En tant qu’enseignant, j’avais écrit trois livres
avec mes élèves afin de l’exposer à la vie, à l’environnement et aux défis de
la société. Un ouvrage collectif sur les personnes âgées et la mémoire (Le
sablier fendu), un autre sur la marginalisation et l’échec, scolaire (En
rouge, dans la marge), un dernier enfin sur la diversité (Un point
commun, la différence).
§
… j’ai alors compris que rien n’est jamais acquis et
que nos fragilités restent, malgré les masques de la force. La force,
finalement, c’est d’assumer ses fragilités et non se persuader qu’on les a
dépassées, à moins que le fait de les dépasser consiste simplement à les
assumer…
§
Il faut commencer par le sourire, la dignité, la
culture qui façonnent l’être avant de réduire à une somme de besoins dont « je »
serai solidaire.
§
Des années plus tard, j’ai démissionné de mon poste de
doyen et de celui de président de l’association Coopération-coup de main qui
mettait en avant cette fameuse « pédagogie de la solidarité » ;
j’avais besoin de changement et d’un retour aux sources de ma foi et de ma
spiritualité. .. Mon temps était alors dédié à la lecture (et un peu aux
sports), et j’avais l’habitude de me plonger dans les textes entre cinq et huit
heures par jour.
§
De mon côté, je m’étais imposé un programme astreignant
avec l’objectif de couvrir en vingt mois un programme de formation
universitaire de cinq ans. Le mode de formation traditionnel (avec un savant – ‘âlim,
en cours privé) me permettait un rythme individuel et intensif qui commençait tous
les jours a 5 heures et finissait à 23 heures ou minuit. Je n’oublierai jamais
cette période de formation : intense, difficile, mais si lumineuse et éclairante.
Grâce à Dieu, j’ai atteint mes objectifs et je n’ai cessé de poursuivre ma
formation par les lectures, des rencontres, et bien sûr l’écriture d’articles
et d’ouvrages sur l’islam en général ou le droit et la jurisprudence islamique
(fiqh) en particulier.
§
Un médiateur est un pont, et un pont n’appartient
jamais à une seule rive. Il est toujours un peu trop de « l’autre
côté », toujours soupçonné de « double » loyauté. Ainsi, j’était
toujours « un peu trop occidentalisé » pour certain musulmans, et « un
peu trop musulman » pour quelques Occidentaux.
§
Aux musulmans je répète que l’islam est une grande et
noble religion, mais que tous les musulmans, ou les sociétés majoritairement
musulmanes, ne furent et ne sont pas – de loin – à la hauteur de cette
noblesse, dans l’histoire comme à l’époque contemporaine. Une réflexion
critique s’impose sur la fidélité à nos principes, notre regard sur l’autre,
les cultures, les libertés et la situation des femmes.
§ Le monde musulman traverse une
crise profonde. Les sociétés majoritairement musulmanes sont plus souvent à la
traîne sur le plan économique, elles ne présentent la plus part du temps aucune
garantie démocratique, et quand elles sont riches, elles ne contribuent à aucun
progrès intellectuel et/ou scientifique.
§
Ici aussi, il s’agit de peurs et de souffrances : la
peur de la dépossession de soi, de la perte de repère, de la colonisation de l’intime,
et des contradictions du quotidien avec le lot de souffrances personnelles et
psychologiques que cette expérience implique.
§
Il faut tenir compte d’une telle donnée psychologique
en entamant cette discussion : les gens ont peur, ils sont habité de
tensions et de doutes qui produisent parfois des réactions passionnées,
émotives, voir tout à fait incontrôlées et excessive.
§
A contre-courant de ces phénomènes (qui touchent tous
les acteurs de la même façon), nous avons besoin d’une démarche éducative s’appuyant
sur une pédagogie qui tienne compte de l’état psychologique des femmes et des
hommes sans les culpabiliser (ni les stigmatiser). Une telle démarche s’efforce
d’expliquer, de nuance et de réfléchir en miroir. A l’évolution de la peur et
du doute il faut répondre par une révolution de confiance, en soi et en l’autre ;
a la surdité et au rejet émotif il faut répondre par l’empathie intellectuelle qui
oblige à mettre à distance ses émotions négatives et à en faire la critique
constructive. C’est une démarche longue, exigeante, dialectique et forcément de
terrain. Elle ne peut se réaliser que dans la proximité, et exigera au moins
une cinquantaine d’années d’accoutumance. C’est long … et pourtant si peu sur l’échelle
de l’histoire.
§
Sur le terrain, les activités sont de plus en plus
ouvertes sur la société, et de nombreux savants et leaders, femmes ou hommes,
établissent localement et nationalement des ponts avec leurs concitoyens et les
autorités politiques. Il s’agit bel et bien d’une révolution silencieuse qui n’intéresse
pas directement les médias, car elle e fait dans le temps plus long des
générations.
§
Etre un Occidental musulman, c’est aussi vivre la
tension spirituelle d’une foi appelant à libérer l’être d’un quotidien qui
semble la contredire et l’emprisonner. Une expérience également difficile pour
le bouddhiste, l’hindou, le juif, le chrétien… une expérience difficile pour
tout être humain qui désire rester libre, avec ses valeurs, et qui aimerait
également offrir à ses enfants les instruments de leur liberté. Il serait bon,
au cœur de tous ces débats, de ne pas négliger cette dimension religieuse,
spirituelle et philosophique essentielle.
§
… qui sommes-nous au cœurs de ces bouleversements ?
la question de l’identité est née de ces troubles profonds. Quand tant de gens
autour de nous, dans notre propre société, ne nous ressemblent plus et paraissent
si différents, on ressent naturellement le besoin de se définir.
§
La réaction est compréhensible, mais ce qu’il importe
de retenir ici est qu’il s’agit d’abord d’une réaction à une présence ou à un
environnement qui nous semble étrangers.
§
Il s’agit de savoir qui l’on est et, clairement, qui l’on
n’est pas.
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Il faut accéder à une vue plus ample de soi et ses
concitoyens : chacun de nous a de multiples identités qu’il doit accepter,
nourrir et enrichir. Depuis longtemps, je répète aux musulmans et à mes
concitoyens que je suis suisse de nationalité, égyptien de mémoire, musulman de
religion, européen de culture, universaliste de principe, marocain et mauricien
d’adoption. Il n’y a là aucun problème : je vis avec ces identités et l’une
ou l’autre peut devenir prioritaire selon le contexte et la situation. Il faut
même ajouter d’autres dimensions à ces identités : le fait d’être un
homme, d’avoir un certain statut social, une profession, etc. Nos identités
sont multiples et toujours en mouvement.
§
Cette question ne relève pas du conflit des identités,
mais de la cohérence de la conscience qui marie ces dernières autour d’un corps
de principes dont l’usage, pour être juste, ne peut être sélectif et doit
demeurer critique autant qu’autocritique.
§ Des nombreux musulmans – des ‘ulamâ autant que
des simples croyants – se sont opposés à l’idée qu’il puisse y avoir un « islam
occidental » ou un « islam européen » différent de l’« islam »
un et unique. Ils voyaient derrière cette appellation une tentative de
division, de dénaturation, voire de réforme dangereuse. Dans d’autres milieux,
des sociologues affirmaient qu’il n’a avait pas « un islam », mais « des
islams » très différents selon les interprétations ou les sociétés, et qu’il
fallait aborder cette diversité de façon circonstanciée.
§ Il faut d’abord s’attacher à distinguer ce qui est
religieux de ce qui est culturel dans la façon dont ils conçoivent l’islam
alors qu’ils viennent du Pakistan, de Turquie ou des pays arabes. Il n’est pas
de foi ni de religion sans culture, ni de culture sans substrat religieux, mais
la religion n’est pas la culture : l’opération de distinction n’est pas
aisée, mais c’est l’exil qui rend cette différenciation nécessaire, difficile
et, à terme – paradoxalement-, de plus en plus aisée.
§
L’islam occidental est aujourd’hui une réalité :
des femmes et des hommes ont comme première langue l’anglais, le français, l’allemand
ou l’italien, ils sont imprégnés des différentes cultures occidentales, et
malgré l’image négative véhiculée par certains médias, courant politiques ou
lobbies, ils se sentent chez eux en Amérique, en Australie ou Europe, désirent
y construire leur avenir et y éduquer leurs enfants. Le nombre croissant de
convertis – qui, hier, s’ « arabisaient » ou se « pakistanisaient » pour
se sentir plus musulmans -, est devenu aujourd’hui un vecteur plus positif de l’acculturation
des musulmans, puisque ceux-ci prennent des responsabilités et assument de plus
en plus leur héritage occidental et européen.
§
Les musulmans ont souvent psychologiquement intégré
cette perception (que l’on projette sur eux) et ils se présentent aussi comme
des « minoritaires » en confondant la réalité chiffrée de leur
communauté religieuse et le sens et la teneur légale de l’appartenance
citoyenne. Or, dans l’ordre de la citoyenneté, du rapport à la loi ou du
traitement de l’individu, le concept de minorité est inopérant : il n’existe
pas de « citoyenneté minoritaire » ! il importe donc de lutter
contre cette mentalité de « minoritaire » et de s’inscrire pleinement
dans la participation citoyenne sur un pied d’égalité et avec majorité.
§
… on invite les musulmans à se prendre en charge et à
se libérer de mentalité de victime. C’est un défi majeur : il est urgent
de cesser de blâmer « la-société-qui-nous-aime-pas », « l’islamophobie »,
ou encore le « racisme », et de justifier ainsi une passivité
coupable.
§
Le discours sur la société environnante et la culture
occidentale doit changer de ton et d’orientation : il est impératif d’encourager
les musulmans à contribuer aux cultures américaines, australiennes et européennes
qui sont désormais les leurs. La créativité, la contribution et la production
en matière d’art, de musique, de cinéma, de littérature sont à encourager, de
même d’ailleurs que la lecture d’ouvrages de tous horizons. Cette ouverture
dans la confiance, cette confiance en sa richesse qui peut contribuer et
offrir, cette présence dans l’échange…c’est cela qu’il faut encourager à
plusieurs niveaux et dans différents domaines sociaux, politiques, culturels et
sportifs bien sûr.
§
Je l’ai dit et répété : l’islam n’a pas de
problème avec les femmes, mais il apparait clairement que les musulmans ont
effectivement de sérieux problèmes avec elles, et il faut en chercher, de l’intérieur,
les raison et parfois les (discutables) justifications… il importe donc de
mener un travail critique approfondi et de pousser les femmes à s’y engager, en
acquérant les connaissances religieuses nécessaires pour développer des lectures
féminines nouvelles. Il faut qu’elles soient présentes dans les espaces de
décisions de la communauté religieuse, dans les organisations, les conseils de
gestions des mosquées, etc. On doit bousculer les choses pour que les femmes
trouvent leur juste place, mais elles doivent aussi se mobiliser : elles n’obtiendront
rien si, de leur côté, elles cultivent une attitude de victimes ; on le
voit aujourd’hui, partout où les femmes ont accès à l’instruction, à l’éducation
islamique, et même à l’engagement communautaire et social, elles font mieux que
les hommes : meilleurs résultats, plus d’engagement, plus de rigueur et de
sérieux. La réalité et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
§ Au demeurant, j’en appelle à un sentiment exactement
opposé : parce qu’il y a des victimes réelles, il faut s’opposer à toute
tentation de victimisation et se prendre en charge pour revendiquer ses droits.
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Au nom d’une idée reconstruite de son identité et d’une
représentation de soi sélective et très idéologique, les États-Unis, le Canada,
l’Europe, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande semblent, en effet, accepter de
trahir au passage quelques-unes de leurs valeurs démocratiques fondamentales. Le
danger est réel.
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Nous avons aussi besoin de quelques journalistes
courageux(ses) qui osent aller contre les opinions établies, questionnent les
certitudes et posent les bonnes questions. Elles/ils se font de plus en plus
rares mais elles/ils existent et leurs contributions sont essentielles.
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L’Occident comme l’Europe doivent se réconcilier avec
la diversité de leur passé afin de maîtriser le pluralisme impératif de leur
avenir. L’approche réductrice du pape, et de ceux qui secouent l’épouvantail du
dangereux pluralisme culturel, n’aident pas à la réalisation de cette
réappropriation. Il appartient aux universitaires et aux intellectuels musulmans ou non, de
leur prouver –par études historico-critique – qu’ils se trompent historiquement
autant que scientifiquement.
§
Il importe de montrer que la mémoire sélective qui tend
à « oublier » les apports décisifs de penseurs musulmans, dont le
rationalisme était actif – tels que al-Kindî (IXe), al-Farâbî (Xe),
Ibn Sîna (Avicenne, XIe), al-Ghazâlî (XIe – XIIe),
Ibn Rushd (Avicenne, XIIe), Ash-Shâtibî (XIIIe), Ibn
Khaldûn (XIVe), etc. -, reconstruit une Europe qui trompe et se
trompe sur son passé. A la lumière de cette nécessaire réappropriation, les
musulmans peuvent montrer, raisonnablement et loin de toute polémique, qu’ils
partagent l’essence des valeurs sur lesquelles se fondent l’Europe et l’occident
et que leur tradition religieuse a également contribué à leur émergence et à
leur promotion.
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Les sept « C » (Confiance, Cohérence,
contribution, Créativité, Communication, Contestation et Compassion) offrent
un cadre clair et surtout le sens de certaines priorités.
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Les femmes comme les hommes traversent une crise de confiance
psychologique et intellectuelle.
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Allons-nous respecter scrupuleusement nos principes et
les droits humains ou alors accepter, en fermant les yeux, la naissance d’un
nouvel esclavagisme moderne qui ne dit son nom, en poussant dans la
clandestinité des travailleurs souvent sans-papiers, qui vont être exploités,
parfois poussés à la prostitutions, au travail « au noir », et
recevant des salaire indignes ?
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La route sera longue et ne faudra pas moins de deux
générations pour dépasser ces tensions. Pour aller au-delà de la crainte et
construire l’avenir, il faut pourtant commencer à préparer dès maintenant le
terrain et se donner les moyens de la confiance. Il s’agit effectivement d’opérer
une véritable révolution de confiance pour résister à l’évolution de la
méfiance dans nos sociétés.
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… durant le Moyen Age, de la Renaissance jusqu’au XVIIIe
siècle, on avait entretenu l’idée que l’islam et les musulmans avaient un goût
particulier pour la sensualité et la « licence sexuelle », à l’image
de l’univers oriental stéréotypé des Mille et une nuits, voilà que les
colonisations et l’époque post-coloniale nous offrent l’image exactement
opposée d’une religion fruste, rigide, opposée aux corps des femmes et aux
plaisirs.
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… le fait de ne pas partager les opinions et les
actions des homosexuels, quant à leur sexualité, ne m’empêche pas de respecter
ce qu’ils sont ; c’est d’ailleurs ce que chacun d’entre nous doit attendre
de ses semblables : le respect de l’être, même s’il existe un désaccord
sur la croyance et/ou le comportement.
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Il faut donc regarder à deux fois les « feux »
qui dégagent d’épaisses fumées rarement innocentes, souvent stratégiques. Il importe
de les connaître, de les identifier et, quand elles se cachent, mentent ou
manipulent, de les dépasser. Quant à moi, je continue mon engagement, mes
efforts de clarification et de communication, ma résistance face aux
injustices, ma lutte contre les racismes, les mensonges politiques et les
simplismes idéologiques. Je connais l’origine de certaines attaques et je sais
également que ma route m’invite à les relativiser, voire à les négliger, avec
détermination et sagesse. J’ai appris qu’il fallait dire « Paix ! »
à ceux qui lancent des cris de haine contre votre être, votre présence ou sur
votre passage. Pas toujours facile. C’est le sens de toutes les spiritualités,
le profond jihâd du cœur et de l’intelligence… Paix, oui, avec force,
tranquillité et dignité, à tous les instigateurs de mensonges, hypocrisies et
de guerre.
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Pour tous, musulmans ou non, il s’agit d’un vrai djihad,
au sens très exact de ce terme dans les références islamiques (effort et
resistance), un djihad de la confiance. C’est un travail quotidien, avec
soi comme avec ses voisins, dans sa demeure comme dans son voisinage…
§
Les prisons les plus dangereuses sont celles dont on ne
voit pas les barreaux.
§
Au cœur de l’Occident, la présence des musulmans, individuellement
et collectivement, devrait se traduire comme une question ou plutôt une série
de questions : quel est le sens de cette présence pour moi ? qu’est-ce
qui explique leur comportement ? comment me situer vis-à-vis d’eux ?
qui suis-je envie d’être face à cet autre au cœur du pluralisme partagé et
assumé? Cette présence-question est un miroir. Le miroir de l’autre est reflet
de mille questions sur soi. Celles-ci sont parfois gênants, il est vrai, mais elles
sont tellement nécessaires.
§
Condamné avant de naître, à naître condamné.
Merry
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